NON

A tous ceux qui aiment la musique, et le festival Blues en Aveyron, voici une annonce de son président Fabrice Eulry

Chers amis mélomanes, la cinquième édition du festival est pour octobre prochain. Nous l’avons programmée dans des salles de plus de cinquante places et les artistes sont déjà engagés depuis plusieurs mois. Or, la loi du passeport vaccinal change la donne. Nous sommes certes habitués depuis 18 mois, à ce que les règles changent sans arrêt et nous nous sommes adaptés avec souplesse, patience, et bonne volonté, comme tous nos compatriotes.

Cependant, notre pays vient de franchir la ligne rouge.

Le spectacle, notre domaine, possède ses règles propres que nous demandons au public de respecter. Cela peut aller de payer sa place, à respecter le droit à l’image des artistes, ou ne pas faire de chahut lors d’un concert intime, une pièce de théâtre...

Mais, en dehors de ces règles, il n’est ni dans notre compétence, ni dans notre vocation, ni dans nos moyens, de discriminer le public sur quelque critère que ce soit.

Si la loi sur le passeport vaccinal est appliquée, nous devrons donc renoncer aux spectacles que nous avons programmés pour cette 5éme édition. Les artistes concernés ont été contactés. Comme nous, ils ne souhaitent pas que leur scène soit l’objet de ce tri humain. C’est NON !

Pour autant nous souhaitons que le festival Blues en Aveyron survive miraculeusement, tout comme l’année dernière même si ce sera encore plus difficile, et nous ne souhaitons pas sanctionner le public dans sa totalité sous prétexte de ne pas le discriminer ; donc dans le pire scénario, nous nous efforcerons de proposer si cela est viable pour nous, des spectacles réduits pour passer en dessous des radars de ces restrictions.

Nous n’avons pas créé ce festival, avec tous les sacrifices et les investissements personnels que cela implique, pour accepter en fin de compte, d’être transformés contre notre gré, en auxiliaires bénévoles d’un système de surveillance généralisée. C’est NON !

Nous n’avons pas non plus créé ce festival, avec tous les sacrifices et les investissements personnels que cela implique, pour endosser une responsabilité que le pouvoir exécutif nous impose, sans être capable de l’assumer lui-même. Si ce contrôle était une mission vitale, il la confierait à ses fonctionnaires. Mais faute de moyens, il bluffe et compte sur chacun pour fliquer chacun. C’est NON !

Pour conclure je vais parler en mon nom, sans me planquer derrière l’équipe de Blues en Aveyron, mais à découvert, en tant qu’artiste pratiquant déjà son métier il y a quarante ans, quand le président de l’exécutif était encore à l’école maternelle :

J’ai choisi ce métier contre vents et marées, pour m’adresser à tous, et non pour exclure, suivant un critère que l’on chercherait à m’imposer avec des arguments d’autorité. Dès le départ de ce drame évitable, début 2020, j’ai promis dans ces colonnes, qu’en cas d’instrumentalisation politique, je devrais expatrier mon activité artistique à regret, mais seulement après avoir tout essayé.

À présent que la ligne rouge franchie, mes compatriotes divisés depuis si longtemps, commencent à comprendre, à se parler à nouveau, et à renouer avec le sens du mot NON ; ainsi, je leur fais et vous fais amis mélomanes, la promesse d’enchanter et d’apaiser votre âme plus que jamais avec toute force de musique, et de pratiquer mon métier sans jamais céder au chantage.

Je n’y ai pas grand mérite, comme beaucoup, je suis ignorant dans la plupart des domaines, mais j’ai la chance de savoir deux choses :

D’abord, je suis au courant depuis longtemps que de telles épreuves nous attendaient, j’ai donc eu du temps pour assurer mes arrières.

Ensuite j’ai appris que la liberté ne se rachète pas à celui qui vous empêche d’exercer la vôtre : même pas un centime, aucune négociation ! S’il est plus costaud que vous, il vous faut juste contourner l’obstacle, exercer votre liberté autrement, et la reconquérir patiemment : il vous demande un droit de passage en se mettant en travers du pont ? Alors ou bien nous payons et il ne se privera pas de nous rançonner chaque jour un peu plus, nous et ceux qui viennent après nous, ou bien nous avons le courage de nous mouiller en traversant un peu plus loin avec la patience de trouver un gué, et ça lui passera très vite !… À notre retour, il y a même des chances qu’il se soit lassé et soit allé plus loin exercer sa vocation parasitaire, le pont sera libre à nouveau !

Ce courage de dire NON, vous l’avez retrouvé, ou bien vous le retrouverez… chacun à sa manière, chacun à son rythme… au fur et mesure que chacun réalise qu’il n’a plus le choix.

Comptez sur le mien.

NON

Ce contenu a été publié dans Non classé. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

Laisser un commentaire