Depuis trente quatre ans (Rapper’s delight 1979) j’ai entendu toutes les bêtises possibles concernant le rap. Chaque fois que l’on m’a demandé mon avis à l’antenne j’ai botté en touche (« Il y a du bon dans tout ») ou j’ai décris les racines quand j’avais le temps et quand il y en avait (blues, Afrique, psalmodie, prêche). Mais en radio, il y a rarement du temps pour développer et mettre en perspective.
Artistiquement :
Comparer le rap à tout autre musique n’a guère de sens, même si il semble proche de la psalmodie ou du spiritual ou du scat dans la forme, dans le fond il n’est pas d’essence esthétique mais poétique. Il s’agit de verbe non de musique.
Le rap est d’abord pour ceux qui le pratiquent ou le partagent, une tentative d’expression poétique. Aucun recueil de poésie ne se vendrait, il fallait donc habiller son texte de son et de rythme, pour la vendre à la jeune clientèle des banlieues sur support 45t puis cd, facile à promouvoir par l’industrie du disque (possédant aussi médias boîtes de nuit -DJs) en perte de vitesse après le disco.
Le livre :
L’intérêt de ce livre au titre provocateur, ouvrage après lequel plus rien ne sera comme avant, c’est de mettre toute la genèse du rap en perspective en évitant l’erreur de critiquer le rap pour ce qu’il n’est pas et ne prétend pas être (de la musique).
Grâce à cette approche sociologique et historique qui suinte le vécu de l’auteur, Mathias Cardet, un « grand frère » arrive à décrire avec recul, notre époque avec laquelle, il l’explique, le rap se confond.
Le livre répond à toutes les questions que nous nous posons depuis tant d’années et les étonnements que nous manifestons sur le succès du mouvement, ses outrances, l’idéologie qui l’a créé, les illusions qu’il a suscitées, et surtout à la question centrale pour les musiciens et les amoureux de la musique :
Pourquoi le rap, et pourquoi dure-t-il ?
Le rap n’est pas la musique de notre époque.
Le rap est la façade sonore de l’idéologie dominante de notre époque (le paraître : argent facile, poufs, signes clinquant bagnoles fringues marques)
Voici l’auteur Mathias Cardet en entretien avec Franck Abed sur Dailymotion
Tout à fait, ce d’autant que Mathias Cardet bénéficia dans cette émission, d’une heure et demie pour s’exprimer. Merci beaucoup pour le lien.
Est-il judicieux de noter le lien vers l’émission de radio-courtoisie qui traitait de ce livre hier?
http://www.radiocourtoisie.fr/10207/libre-journal-de-la-resistance-francaise-du-6-mars-2013-lescroquerie-du-rap-y-a-t-il-un-racisme-anti-blanc-karl-lueger-maire-novateur/
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