» Le guitariste banjoïste et chanteur nous a quitté de manière prématurée, si l’on en juge par les regrets unanimes et sincères de tous ses collègues. Alan Kelly semblait en effet hors du temps par sa courtoisie et sa discrétion. Les relations que l’on cultivait avec lui ne tournaient qu’autour de la musique, ce qui ne produisait finalement que des souvenirs poétiques :
Alan jouait sur toutes sortes de guitares et de banjos, son jeu allait de l’accompagnement en accords, aux solos de banjos en notes simples en passant par les solos en accords à la guitare. Mais surtout il s’accompagnait merveilleusement lorsqu’il chantait. Menestrel infatigable, il avait toujours une chanson à la bouche dans les moments creux :
Il me revient en mémoire, une galère à Annecy : après une journée d’incessantes animations de rue pour lesquelles la municipalité nous avait engagé nous cherchions en vain le restaurant qui était prévu pour nous (j’étais pour une fois à la clarinette, pas de piano portatif ce jour-là !) Nos instruments étaient dans leurs étuis et nous commencions à grommeler. Alan n’aimait pas ranger son banjo et nous suivait en chantant, l’instrument en bandoulière égrenant les accords d’Always. C’est ainsi que j’appris par lui cette délicieuse valse, que j’enseigne encore dans mes mastères classe avec toujours, une pensée pour Alan.
Sans le savoir, Alan Kelly, joua un rôle primordial dans une phase de mon cheminement pianistique : un soir de 1991, le groupe Les Globe trotters se produisait au Slow-club
Le groupe était composé de :
Philippe Plétan, contrebasse
Laurent Galeazzi batterie
Alan Kelly, guitare
Francis Guéro, trombone
Philippe Audibert (alias Alfred) saxophone et clarinette
Michel Bonnet trompette
Le piano du club était donc libre et l’on m’invita pour improviser sur un morceau… Les Globe trotters me gardèrent toute la soirée ! Ils m’engagèrent même régulièrement deux années avec eux, et nous enregistrâmes deux disques. Que s’était-il donc passé pendant cette soirée ? Tout simplement, Alan Kelly déroulait un tapis d’accords clairs simples et précis avec un swing parfait qui m’inspirait. Pour la première fois… » À suivre…
F.E.