NON, NON, N.O.M. :
L’économie n’intéresse guère les Français. Chaque fois qu’ils semblent en parler, ils vous parlent encore de politique. Si vous leur répondez naïvement sur le plan économique en citant un ou deux agrégats, un ou deux concepts, ils sont immédiatement effrayés, et bottent en touche en invoquant votre manque de simplicité ou plaisantent sur l’heure tardive.
les Français sont détournés de l’économie et à leur décharge, tout est fait pour.
Alors que l’économie n’est pas une science mais une discipline générale comme l’histoire, au service des hommes et de la connaissance, elle nous est présentée comme une science par ceux qui en parlent dans les média. Pour lasser les meilleures volontés, quoi de plus efficace que de donner uniquement la parole à des « spécialistes » employés par la finance qui voudraient nous faire confondre économie et comptabilité ?
Les politiciens, déconnectés des réalités du peuple certes, connaissent leurs dossiers plus qu’on ne le pense. Mais ils ne s’étendent pas : il savent comme il est dangereux de mener campagne sur des thèmes économiques !
Il faut avoir l’air incollable car la tyrannie du chiffre s’impose d’autant que le public est ignorant. Le jeu va consister à se montrer sûr de soi avant tout, et le format télévisuel ne génère en choses économiques, qu’un jeu de paraître.
Beaucoup savent de quoi ils parlent, certains ont même une vraie culture économique, mais quel intérêt de maîtriser l’outil statistique, de se coltiner tout Marx et tout Hayek, si, traités de nuls en économie par l’arrogance de l’ignorant dès lors qu’il les voit en adversaires politiques, leur persistance de parler économie, leur vaut une ingratitude qui peut contrarier leur ambition présidentielle ?
Pour illustrer cette analyse, voici, abstraction faite de toute considération idéologique* , comment classer quelques présidentiables de la Vème république en fonction de la manière dont ils ou elles ont témoigné de leur positionnement économique et en fonction de ce qui en a résulté.
*Merci de nous épargner tout commentaire partisan à ce sujet, indécrottables politisés de Français que vous seriez ! Ce n’est pas ici le sujet !
Marie-France Garaud candidate en 1981 en dépit d’un discours économique cohérent avec sa ligne politique finit derrière les deux autres candidats gaullistes (Debré et Chirac) qui se sont gardés d’entrer des détails qu’elle-même maîtrise pourtant parfaitement.
Au premier tour de 2012, Marine Le Pen revendique l’exclusivité d’un programme chiffré mais attribue finalement le fait d’obtenir un résultat dessous des 20% à la mise en avant de son discours économique non consensuel sur l’Euro.
Pendant la campagne de 2012 Jean-Luc Mélenchon, qui revendique lui aussi un programme économique non consensuel, se refuse à citer le moindre chiffre, au nom du fait que l’économie est service du politique. Ce mépris revendiqué de l’aspect technique de l’économie lui vaut un résultat meilleur que prévu.
« Nous n’allons pas nous lancer dans une batailles de chiffres, cela lasserait les téléspectateurs… »
« N’entrons pas dans les questions techniques… »
Disent-ils, si bien que la plupart du temps les débats dits « économiques » se résument à quelques concepts flous (patriotisme économique) tant que le temps de parole (coupée) ne permet pas de les définir,
ou encore des éléments de langage moralisateurs (le « repli sur soi ») qui en termes économiques, n’ont aucun sens et ne correspondent ni de près ni de loin à aucun concept.
Pour se convaincre de cette désaffection française orchestrée, voici pour ceux qui en ont le courage, une vidéo du président Poutine qui parle économie sans note en répondant 3 heures durant aux questions de son peuple :
Inutile donc de compter sur les médias français qui donnent la priorité au sensationnel sur le factuel, au superficiel sur le profond, au débat sociétal sur le débat social, au financier sur l’économique…
L’économie est pourtant une discipline globale et passionnante pour peu qu’elle soit définie pour ce qu’elle est réellement soit comme reliée à l’histoire à la géographie humaine à la connaissance des cultures, des anthropologies, et hélas pour certains, un peu tout de même, aux mathématiques.
Mais avant tout, la carence des carences en terme d’initiation à l’économie c’est d’éviter de parler de la question primordiale de la monnaie !
La monnaie unique en question : sur le site d’histoire hérodote.net
L’Europe à l’épreuve de la monnaie unique
Monnaie « unique » ou « commune » ?
En ce début du XXIe siècle, l’Europe semble entraînée dans un abîme sans fond. Dans les pays méditerranéens dont la France, les fermetures d’usines s’accélèrent ; les territoires se délitent au seul profit de quelques métropoles et nombre de jeunes diplômés font leurs valises.
Les Français appréhendent le déclassement de leur pays… Faut-il y voir, comme l’assurent nos dirigeants, la juste rançon de notre légèreté passée et de nos impôts mal employés, avec la rigueur pour seule issue ?
À l’encontre de ce discours pénitentiel, Joseph Savès discerne à l’origine de nos maux une aberration idéologique : l’imposition d’une monnaie unique à des pays avec des niveaux de développement très divers et sans liens de solidarité effectifs.
En historien de l’économie, il donne de la cohérence à l’ensemble des tensions qui traversent notre continent et montre comment la monnaie unique déstabilise l’Europe et menace le beau rêve d’unité né de la victoire sur le nazisme : L’Europe à l’épreuve de la monnaie unique.
Ce court traité est accompagné d’un exposé sur la nature de la monnaie (Monnaie : secrets de fabrication) ainsi que d’un survol de l’histoire européenne des quatre dernières décennies (Histoire de la Crise européenne). Le premier… (Lire la suite en cliquant sur la pièce)
https://www.youtube.com/watch?v=sLaa6f7Voxs